Dexter, série de tueur

36 épisodes en moins d’une semaine...

Article mis en ligne le 5 février 2009
dernière modification le 5 octobre 2021

par Laurent

Alors que la seconde saison de Dexter est diffusée en France Métropolitaine sur une grande chaine cryptée du réseau hertzien, la magie des technologies modernes de l’information m’a permis de rattraper mon retard sur la diffusion. Et aussi de prendre un peu d’avance.

Je viens de terminer un marathon de visionnage des trois saisons en moins d’une semaine, soit 36 épisodes de 50 mn.

Dexter, l’affiche

Le Peech

Pour tout le monde, Dexter Morgan est un médecin légiste spécialiste dans les giclées de sang au service des homicides de la Police métropolitaine de Miami. Mais en off, c’est un tueur en série sanguinaire aux multiples victimes. Affublé d’un étrange code d’honneur retransmis par Harry, son père adoptif ancien héros de la police de Miami ; Dexter ne s’en prend qu’aux meurtriers qui ont réussi à passer à travers les mailles du filet de la justice. Ce code permet de canaliser son côté obscure, sa véritable nature de monstre psychopathe. Ainsi, son statut de criminologue lui permet d’éviter les pièges qui pourraient le faire prendre.

Dexter, la série où le gentil, c’est le méchant.

Autour de Dexter Morgan, papillonne toute un panel de personnages variés, comme sa sœur, Debra, qui tente de se faire une place dans la police sur les traces de son père Harry, mais qui malgré son acharnement fait preuve d’immaturité. Harry, le père adoptif de Dexter et père biologique de Debra est un personnage qui est décédé postérieurement à la série mais qui réapparait souvent lors de flashback ou de rêves.

Dexter est aux ordres du Lieutenant Maria Laguerta, qui en pince pour lui. Mais, celle-ci a des problèmes d’autorité avec son supérieur le capitaine Tom Matthews. Dexter travaille aussi avec d’autres collègues : le chaleureux détective Batista, le légiste pervers Mazuka et le suspicieux sergent Doakes. Tous ont de l’affection pour lui à l’exception de Doakes qui ne peut pas l’encaisser. Enfin, Dexter a une relation sentimentale avec Rita, la jeune mère de la petite Astor et du petit Cody. Rita est en instance de divorce d’un mari qui la battait mais qui est désormais en prison. Dexter se sert d’elle pour donner de lui l’image d’une personne normale et équilibrée.

Évidemment, l’intérêt de la série est que Dexter Morgan, le personnage principal, va -tout en se posant les questions de l’origine de son mal- au fil des épisodes se mettre en danger au risque de se faire arrêter.

Les saisons

La série est montée comme un feuilleton dont les épisodes se suivent et doivent être vus dans l’ordre. Toutefois, chaque saison de 12 épisodes est « stand alone ». C’est à dire que chacune se suffit à elle même et ne se termine pas sur un gros « cliffhanger » annonçant la suivante. Ça, c’est un bon point.

Dans la première saison, un tueur en série concurrent semble avoir découvert le secret de Dexter et lui lance un défi par cadavres interposés. Dans la deuxième, tous les meurtres de Dexter refont surface et l’étau se ressert autour de lui car une enquête est ouverte dans son propre service de police. La troisième saison va lui procurer un compagnon de jeu, il ne sera plus tout seul. La chaine américaine Showtime a signé avec la production pour deux saisons supplémentaires.

Mon opinion

Voici une série irrévérencieuse, politiquement incorrecte, trash... Dexter contient des scènes assez gore et ouvertement sexuelles.

Avec Desperate housewives, Nip/Tuck, Californication, Oz et plein d’autres, ce genre de séries commence à devenir la mode à Hollywood. Les deux premières saisons sont vraiment intéressantes. Grisantes, troublantes et haletantes. Les personnages sont fouillés, l’intrigue offre plusieurs rebondissements qui ne prennent pas le spectateur pour un con et les dénouements sont à la hauteur. Il existe évidemment des incohérences et imperfections propres aux séries télévisées qui deviennent flagrantes lorsqu’on visionne les épisodes à la suite, mais globalement tout se tient. J’ai bien aimé.

Par contre, bien que n’étant pas inintéressante, la troisième saison de Dexter est nettement moins bien que les précédentes. De nouveaux personnages tombent du ciel d’autres disparaissent. Les motivations des protagonistes sont moins précises et pas forcément cohérentes ou fouillées selon mon avis. L’intrigue est branlante. Bref, on assiste à une chute de la qualité.

La raison en est peut-être la grève des scénaristes à Hollywood l’année dernière qui correspond à la période de diffusion de la série sur la chaine étasunienne Showtime. De plus, sur cette chaine, comme ils ont du avancer l’heure de diffusion en début de soirée (par manque d’autres séries à diffuser), ils ont fait l’impasse sur le côté trash. Exit certaines scènes sexuellement explicites et gores. Peut-être que la série aurait méritée de s’arrêter à la fin de la deuxième saison. Espérons que la quatrième saison à venir rapporte la qualité qui s’est évaporée avec la troisième.

Bilan : j’ai tout de même globalement apprécié cette série.

Digression

Toutefois, certains points soulevés dans Dexter me mettent mal à l’aise. C’est notamment le cas de l’idéologie nauséabonde sous-jacente prônée par cette série. Je n’y adhère pas.

En effet, comme le slogan le laisse penser, c’est la série où le gentil est le méchant. Ainsi, tout est fait dans l’intrigue pour qu’on s’inquiète pour le sort du héros. Le spectateur est invité à être compassionnel envers Dexter et à comprendre son point de vue. Dexter est moins méchant que les autres parce qu’il purge la société en la débarrassant de gens encore plus méchants que lui, c’est à dire des meurtriers qui n’ont pas son code de l’honneur. Lui, s’il est méchant, c’est pour la bonne cause. Sa nature monstrueuse prend un rôle social et son code d’honneur lui redonne une certaine humanité.

Mais, à travers ça, on sous-entend que la Justice fait mal son travail et que la Société est incapable de réguler la nature maléfique de certains hommes. Seule la mort (et donc la peine de mort) ou l’auto-justice peut protéger les bons citoyens des criminels. Puisqu’on ne peut pas faire confiance au système, autant faire le travail à sa place et qu’importe si la solution préconisée est irréversible.

Car, la série implique également que la prison, la médecine, l’éducation ou la réinsertion ne peuvent pas changer les hommes déviants. Au mieux elle peut les canaliser. Ce n’est pas les dysfonctionnements de la société, la pathologie ou les traumatismes qui façonnent les criminels et les meurtriers. Ce serait dans leur nature profonde. L’un des maîtres-mots de la série est que certains hommes sont mauvais par nature et qu’on ne peut pas changer la nature. La série Dexter est en ce sens résolument pessimiste.

Dexter Morgan est comme beaucoup de héros de comics un justicier. Il représente le phantasme d’une Amérique réactionnaire et auto-justicière.


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