Trois mois de plus et trois films de plus...

We feed the world, Black snake moan, Boulevard de la mort.

Article mis en ligne le 11 juin 2007
dernière modification le 5 octobre 2021

par Laurent

Petit à petit, je me réhabitue à retourner dans les salles de cinéma. Depuis le dernier article où je parlais cinéma, j’ai vu quelques films. Le documentaire sur l’agriculture mondiale We feed the world, un film sur le blues Black Snake Moan et Boulevard de la Mort, le dernier Tarentino.

Voici dans l’article ci-dessous mes impressions sur ces films. Pour certains de ces films, vous aurez peu de chance de les retrouver dans les salles de cinéma, mais ils seront bientôt en DVD, en VOD, sur le câble ou le satellite...

We feed the world

La première image du film explique qu’on produit tellement de pain à Vienne que la quantité des surplus détruits chaque jours permettrait de nourrir la deuxième ville d’Autriche.

A partir de là, le réalisateur autrichien Erwin Wagenhofer va tenter de filmer les incohérences du système agricole européen d’une part et mondial d’autre part. Sans voix-off, sans commentaire, en laissant simplement s’exprimer les acteurs du secteur (un pécheur de Concarneau, l’ingénieur agronome d’un semencier industriel, un paysan brésilien, un fonctionnaire de l’ONU...) et à l’aide d’un montage explicite, le réalisateur nous montre quelques aberrations du système, et comment cette machine tourne à l’envers.

We feed the world
L’affiche

Voici par exemple un extrait de l’interview de Jean Ziegler, un rapporteur suisse à l’ONU sur le droit à l’alimentation : « Étant donné l’état actuel de l’agriculture dans le monde, on sait qu’elle pourrait nourrir 12 milliards d’individus sans difficultés. Pour le dire autrement : tout enfant qui meurt actuellement de faim est, en réalité, assassiné. »

Le documentaire nous montre également très explicitement cette facette de la production agricole mondiale et que nous résume Jean Ziegler en ces termes : « La culture du soja, pour laquelle on détruit la forêt amazonienne : 16 000 hectares en 2006 [1]. Et c’est ce soja qui va nourrir les poulets européens élevés en batterie. Dernier segment de cette chaine absurde : les parties nobles (cuisses, ailes) de ces poulets vont dans les supermarchés des pays européens, le reste des carcasses est exporté en Afrique. »

« Grâce aux subventions et aides à l’exportation attribuées parleur
gouvernement aux paysans des pays du Nord, sur n’importe quel marché
africain, on peut acheter des légumes ou des fruits italiens, français
portugais ou espagnols aux deux tiers ou à la moitié du prix de produits
autochtones ! Le paysan africain peut bien travailler avec sa femme
quinze heures par jour, il n’a pas la moindre chance de conquérir un
minimum vital suffisant pour sa famille. Sur 52 pays africains, 37 sont
des pays presque exclusivement agricoles, et on s’étonne que des
milliers de jeunes Africains risquent leur vie dans l’Atlantique pour
débarquer en Sicile ou aux Canaries. Ce sont des réfugiés de la faim. »

Ce documentaire dénonce les dérives du système avec, c’est vrai, beaucoup moins de pêche, d’humour et d’ironie que Michael Moore. Mais il n’en demeure pas moins très intéressant. Vers quel mur allons-nous encore nous fracasser ?

Black Snake Moan

La complainte du serpent noir.

Nous sommes dans le sud des États-Unis.

Lazarus (Samuel L. Jackson) est un vieil homme très croyant, agriculteur
et ancien guitariste de blues. Il ne se remet pas du divorce de sa
femme, d’autant qu’il subit ça comme un grave pêché. Il croit que Dieu
l’abandonne.

Rae (Christina Ricci) est une très jolie fille perdue et malheureuse
dont le petit ami Ronnie (Justin Timberlake) est parti en Irak. Elle
supporte mal cette séparation et trouve son réconfort dans le sexe,
l’alcool et la drogue, d’autant qu’elle est atteinte d’un trouble
particulier : la nymphomanie. Un matin, Lazarus retrouve Rae sur la
route devant chez lui. Elle a été tabassée et laissée pour morte. Il la
recueille. Et pour sa propre rédemption, Lazarus décide d’enchaîner Rae
à un radiateur afin de la soigner du mal qui la ronge. Ce sera de gré ou
de force. Cette histoire va lui permettre de retrouver son "blues".

Black Snake Moan

La musique omniprésente dans le film est superbe. Samuel Lee Jackson est
incroyable en chanteur de blues et Christina Ricci (comme souvent) offre
ici une prestation époustouflante. Où sont partis les rondeurs qu’elle
trainaient dans ses précédents films ? La seule erreur de casting est
peut-être Justin Timberlake.

Les personnages sont d’une grande finesse. Torturés, ils luttent à la
fois contre leurs démons et contre leurs certitudes ; mais aussi contre
les préjugés de la société sudiste. Ici, c’est le blues qui ici va
servir de psychothérapie aux protagonistes.

Un bon film qui même s’il n’est pas exempt de clichés, à voir et surtout à écouter !

Boulevard de la Mort

Death Proof

Kill Bill m’avait fait l’effet de ces bonbons que j’achetais à la boulangerie quand j’étais petit. Une grosse boule qu’on laissait fondre dans sa bouche et qui révèle à chaque fois un nouveau goût sur la langue. Chaque couche avait son style et éveillait une nostalgie différente.

Death Proof [2] c’est un autre bonbon : la langue de chat. Une douceur gélatineuse très acide, qui fait faire la grimace quand on la met en bouche, mais qui qui se révèle d’un délice absolu. Le film de Tarentino est comme ça, un bonbon acidulé. Une petite merveille dont on n’a qu’une envie, quand l’écran devient noir et que la salle se rallume, c’est de replonger la main dans le paquet pour en avaler une autre.

L’histoire : Un groupe de petites nanas délurées et très canons s’organisent une virée sans mecs au bord du lac. Mais dans le bar Texas Chili détenu par Warren (Tarentino himself), elles vont rencontrer Mike Stuntman McKay (Kurt Russel). Ce dernier, à bord de son inquiétante voiture “Death Proof” va semer la terreur auprès de ce groupe de jeunes filles.

Le boulevard de la mort
La fameuse Dodge 1969.

Death Proof est entre le slasher movie et le film de course-poursuite automobile. Mais, il s’agit surtout d’un exercice de style pour Quentin Tarentino qui à l’instar de ce qu’il avait fait pour Kill Bill, veut rendre une atmosphère vraiment particulière à son film. Ici, il s’agit en l’occurrence de donner à Death Proof la saveur des films de séries Z des années 70-80. Au point que la qualité du grain de l’image, l’usure de la pellicule, le scratch de la bande son font également parti du film. Même les approximations de la traduction (en V.O.S.T.). Tout est fait pour que vous ayez l’impression de voir ce film dans une petite salle de quartier un mercredi après midi pluvieux il y a 20 ans. Un grand nombre de films servent de référence [3] dont : Point Limite 0 (la grosse référence avec les même voitures), New York 1997 d’où est sorti directement le personnage de Mike Stuntman McKay (même cicatrice sur le visage), Enfer mécanique, Rape and Revenge, I Spit on your Grave, les films de Russ Mayer... De toute façon, toutes les références sont citées dans le film ou à la fin du générique de fin.

Mais, qu’on ne s’y trompe pas. Il s’agit d’un Tarentino pur jus, assez similaire à ces deux premiers films. Il s’agit d’un film très bavard, où les dialogues sont truculents et jouissifs, où la musique tirée du répertoire country des années 70 est très sympa et où l’humour, la violence et l’action sont très présent.

Tarentino est le champion de la friandise. Mais pourquoi n’utilise-t-il pas son immense talent dans des films plus “consistants” ?


Gospel

Petit rajout qui n’a rien à voir avec le sujet de ce billet.

J’ai assisté samedi soir à un concert de Gospel dans l’Eglise Réformée du Marais dont les fonds doivent aller aider à la construction d’une école au Cameroun. C’était l’association de deux chorales parisiennes réunies pour l’occasion et le concert était tip-top. Il y a de vrais talents dans ces deux groupes.

Plus d’info sur cette association humanitaro-musicale :
– www.amvam.fr


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