Travailler plus pour gagner plus !

Voici l’un des thmes de la campagne prsidentielle

Article mis en ligne le 17 janvier 2007
dernière modification le 5 octobre 2021

par Laurent

J’ai toujours du mal croire qu’un banal change de courriels puisse provoquer autant de passion.

Un banal dbat sur le temps partiel subit a mis le feu aux poudres sur ma liste de discussion. Voici les grandes lignes de cet change de courrier et mon opinion sur cette fameuse phrase : Travailler plus pour gagner plus !.

Attention, cet article est long !

change de courriels

En ce moment, les thmes de dbat de la campagne prsidentielle provoquent l’effervescence de beaucoup de blogs sur la toile. Et comme j’aime bien polmiquer et participer aux dbats citoyens, j’envois l’objet de mes trouvailles sur la liste de discussion.

Donc, l’objet de la polmique tait un banal lien vers un article sur le temps partiel subit. Voici cet change de courriels, qui mit le feu aux poudres suivit de mon avis sur la question.

Moi

Allez vite jeter un coup d’il sur ce billet du Monolecte :

Le salar au sifflet

Rponse de Yann

Hallucinant !

En particulier quand on fait le parallle avec les discours genre "les
salaris sont demandeurs pour travailler le dimanche" ou encore "il faut
permettre ceux qui veulent gagner plus de travailler plus"...

Raction de Yodok


Bin va voir un mec qui vend en ce moment des
fringues -70% et demande lui s’il touche une
prime et/ou pay double pour bosser le dimanche
et s’il est pret a travailler le dimanche s’il ne touche pas de prime ....

Je suis 100% d’acord avec le travail le dimanche,
seulement pour les personnes qui sont d’accord et
si bien sur la paye va avec sinon je n’en vois pas l’interet

Ce qui est hallucinant c’est que personne
n’arrive a comprendre que le boulot si on en fait
plus c’est bel est bien pour gagner plus, c’est
pas pour les beaux yeux du patron.

Je parle de mon cas, de part la convention
collective ambulancier, je suis oblig de faire
200 heures de travail pour tre pay 151 !! un
comble non ? par contre, je n’ai plus de
coupures, a comprendre, si je commence 6h le
matin que ma mission se termine 9h et que je
n’ai rien avant 14h, je ne dpointe pas.

Donc oui, si je peux faire plus de 200 heures, je
le fait volontiers cela me permettra de payer le
crdit de ma voiture .... et qu’on arrte de me
dire que c’est le patron qui m’oblige .... ou que
les politiques m’ont dit de bosser plus ... si je
bosse plus, c’est pas non plus que j’aime
l’argent, c’est un salaire, c’est mon salaire.
Je ne connais personne qui refuserait de toucher plus que sa paye.

Adieu le sacrosaint repos dominical, demande un
urgentiste, un employ de la SNCF, un
technicien aroportuaire, un boulanger s’il ne bosse pas le dimanche .....

Je le redis encore une fois, oui, si tu as une
baguette le dimanche c’est qu’un mec bosse ce
jour l, et que souvant (je ne parle pas du
patron) il est volontaire parce qu’il touche plus !
J’ai eu une dicussion avec une personne une fois,
j’arrive plus du tout me souvenir de qui, qui
me disait qu’il prennait tous les jours que les
autres ne voulaient pas prendre (jours fris,
samedi, dimanche, soires) parce qu’il tait en
instance de divorce et avait besoin d’argent, un
collgue lui dit qu’il n’tait pas normal qu’il
touche autant en voyant sa fiche de paye, bien
sur il n’a pas regard le sacrifice que la
personne fait en contre partie, il ajuste
regard des chiffres par rapport au sien.

"Tout travail mrite salaire" dit la citation, je
le modifierais en disant, tout travail mrite un juste salaire.

 [1]

C’est le moment pour moi de tenter une rponse qui calme les esprits.

Ma rponse

Coucou !

T’nerve pas Yodok ! Tu sais trs bien l’effet que fait le tag [politique] sur ton petit cur. On ne voudrait pas qu’il lche ou que tu
fasses une embolie crbrale. Winking 4

Bon, visiblement, il y a eu amalgame suite la raction hallucine de
Yann l’article du Monolecte.
Mon ml prcdent avait plutt pour objet les heures supplmentaires
plutt que celui du travail du dimanche. C’est l’amalgame des deux
dbats (prsents au cur de la campagne prsidentielle) qui a d
nerver le Yodok. Smiling [2]

Mon opinion

Je vais donc clairer vos lanternes concernant ce que je pense de tout ceci. Si a ne vous intresse pas, n’allez pas plus loin.

Concernant l’ouverture des magasins le dimanche

En ce qui me concerne, je prfrerais ne pas travailler le dimanche. Je ne cours pas aprs les brouzoufs, je gagne suffisamment bien ma vie pour mettre un steak dans mon assiette, un toit au dessus de mon lit et avoir une connexion ADSL. Je n’ai besoin de grand chose de plus. Quel est l’intrt de cette course au pognon ?

Pourtant, je n’ai pas le choix, car a fait parti de la logique du
boulot et a faisait parti du contrat que j’ai sign. Donc, je travaille la nuit et le dimanche, et mme si j’essaie par tous les moyens de revendre mes dimanches mes collgues, personnes n’en veut. Je suis oblig de les faire. smile

Car, il est indniable que certains services tels que l’lectricit, les chemins de fer, les mtiers de bouche, les taxis ou les hpitaux puissent fonctionner le dimanche. Mais qu’en est-il des services qui ne sont pas vitaux comme certains commerces (les boutiques de fringues ou de meubles) ? C’est l qu’est vraiment le dbat.

Donc, en ce qui me concerne, concernant l’ouverture des magasins le dimanche, je suis plutt pour. Des commerces qui ouvrent le dimanche peuvent dynamiser une ville, un quartier, relancer le tourisme... Quoi de plus agrable l’t que de bruncher le dimanche matin sur les quais du bassin de la Villette.

Mais cet tat de fait, j’aurais tendance mettre quelques gros bmols.

1)

Le travail du dimanche doit tre le rsultat d’un rapport
gagnant-gagnant entre l’employeur et son employ. [3] A part peut-tre pour les tudiants, le rapport gagnant-gagnant est loin d’tre une ralit dans
les faits. Ce n’est pas le travail du dimanche qui devrait permettre
l’employ de joindre les deux bouts, mais son contrat de travail de base
avec ses heures de semaine tout simplement. La possibilit de travailler
le dimanche ne devrait tre qu’un moyen de mettre du beurre dans les pinard, de s’offrir le superflu.

Donc travailler le dimanche devrait offrir un *plus*, qui correspond
au sacrifice de la vie de famille et/ou sociale de l’employ. Je me
souviens de la situation que m’a dcrit un ancien commercial de chez
Conforama qui jadis frquentait cette liste et qui est devenu depuis son
propre patron. Il m’expliquait comment l’employeur incitait ses employs
travailler le dimanche. Les employs n’taient rmunrs qu’ la
commission plus un fixe rduit au minimum. Les commissions taient bien
videment plus leves le dimanche. Ainsi, pour pouvoir faire un chiffre
leur permettant d’avoir un salaire dcent ils taient forcs de venir
faire leurs heures le dimanche. Alors, oui, ils taient volontaires.
Mais s’ils ne venaient pas, de toute faon, ils ne gagnaient pas
suffisamment pour vivre dcemment. Les employs des magasins situs sur
les communes ou les dpartements qui n’autorisaient pas l’ouverture le
dimanche (quand ceux-ci n’ouvrent pas dans l’illgalit) arrivaient
vivre aussi bien et sans sacrifier leur vie familiale.

Donc, oui l’ouverture du dimanche condition que l’employ soit
vraiment volontaire et qu’il ai rellement quelque chose gagner.

2)

Mon deuxime bmol se situerais un autre niveau, un niveau plus
sociologique. J’ai lu il y a quelques temps une tude sociologique (dont
je vais essay de retrouver le lien) qui expliquait l’volution des
pratiques horaires dans la socit. Elle dcrivait comment les villes
franaise avaient tendance devenir comme certaines grandes villes
amricaines. En effets, les pratiques citadines ont tendance
proposer une accessibilit de plus en plus accrues aux
divers services qu’offrent une ville quelque soit l’heure du jour ou de
la nuit. Ce qui, remarquez, n’est pas un mal en soi. Les citadins veulent des restaurant qui assurent un service continu et ferment aprs 23h00, ils veulent des crches qui ferment plus tard, des spectacles toute heure, des mtros et des bus de nuit, etc.

Cette situation vient historiquement de l’allongement constant du temps
de parcours domicile-travail. En 1982, les franciliens habitaient en
moyenne 7 km de leur travail. En 1992, c’tait 17 km. Actuellement,
c’est encore beaucoup plus. Ainsi, les navetteurs [4] devaient faire leur courses de
plus en plus tard le soir et les supermarchs de banlieue devaient ouvrir plus tard. Et ainsi de suite, jusqu’ devoir faire ses courses le samedi, puis le dimanche. Et, le phnomne pris un tour tout particulier.

Par consquent, nous avons mis le doigt dans un engrenage. Ces nouvelles
pratiques urbaines nous ont fait entrer dans un cercle vicieux. Qui dit
des services offerts durant une amplitude plus longue dans la journe,
dit une main d’uvre qui a besoin de services dcals l’image de ses
habitudes de travail. Les citadins veulent pouvoir de dplacer plus tard
dans la journe (ou plus tt), veulent pouvoir aller chercher les
enfants la crche plus tard (ou plus tt), ngocier leur prt avec
leur banquier plus tard (ou plus tt), etc. etc. Ce n’est pas un mal en
soit, mais de plus en plus, la vie de famille ou de couple devient
difficile grer du fait du dcalage permanent de ses membres.
Celles-ci n’ont plus de temps pour elles, et ne se rencontrent plus
comme avant heures fixes, comme autour d’un repas. [5]

Si je me souviens bien, l’tude expliquait de qu’ici 30 ou 40 ans,
l’activit continuelle d’une ville comme Paris amnerait gommer totalement la diffrence entre le jour et la nuit. Comme New York, on pourra l’appeler la ville qui ne dort jamais.

Paralllement a, on peut donc se poser la question du devenir des
catgories sociales qui seront contraintes de travailler avec des
horaires aussi dcals. M’est avis qu’il ne s’agira pas des cadres
suprieurs.

Revenons au sujet.

Cette digression sur l’volution des habitudes des citadins franais
m’amne me poser une question sur le travail du dimanche. L’ouverture
des magasins le dimanche n’est intressant pour les commerces que dans
la mesure o il reste des gens qui eux ne travaillent pas le dimanche et
qui peuvent donc venir en masse faire leurs courses.

Toutefois, si l’ouverture des commerces le dimanche est gnralise. Ce
dont je crains. Nous entrerons dans une mme logique de cercle vicieux.
Ainsi, de moins de moins de personnes seront libre pour faire leurs
courses le dimanche car de plus en plus devront travailler pour assurer
les services manquant (plus de transports, des crches, d’autres types de commerces, des restaurant d’entreprise, etc.).

Donc, le dimanche deviendra une journe comme les autres.

La seule chose qu’on aura gagn, ou plutt perdu, c’est qu’il n’y aura
plus une vraie journe o toute la population peut faire un break et se
retrouver en famille, entre amis dans un moment de convivialit sans
avoir bloquer une demi journe dans son agenda 15 jours avant entre
deux rendez-vous de travail.

Les heures supplmentaires

Je change de sujet et cette fois, je vais parler des heures
supplmentaires.

Car l’origine du fil de discussion Travailler plus pour gagner plus !
un peu provocateur, avait pour origine un article du Monolecte : Le salari au sifflet.
Qui nous aurait permis de dbattre sur le temps partiel subit et sur les
heures supplmentaires.

En ce qui me concerne, moi si j’affirmais mes chefs vouloir travailler plus, a faire volontairement des heures supplmentaires on me regarderait avec de gros yeux du genre : “il est fou celui-l ?”.

Et si par hasard la suite de situations perturbes, je devais faire
des heures supplmentaires inopines [6], inutile de demander me les faire payer : a cote trop cher la boite. Donc, je les rcupre dans mon compte temps, ce qui me permet d’avoir cette foultitude de jours de congs que tout le monde m’envie.

Enfin, tout a pour vous dire que si vous n’tes pas votre propre
patron, les heures supplmentaires volontaires n’existent pas !

Ainsi, je vous conseille la lecture de cet article qui, peut-tre,
achvera de vous convaincre.

La libert de travailler plus n’existe pas.

Et si vous n’tes pas d’accord avec mes propos, n’hsitez pas m’en
faire part en ragissant ci-dessous. Le dbat m’intresse.


Plan du site Contact Mentions légales RSS

1999-2025 © ACADAMIA.ORG - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.2.8