Trois mois ! Trois films...

Trois mois sans entrer dans un cinéma.

Article mis en ligne le 28 mars 2007
dernière modification le 5 octobre 2021

par Laurent

Cela faisait trois mois que je n’avais pas mis les pieds dans une salle de cinéma. Et là, d’un coup, je ne sais pas ce qu’il me prend, je vais voir trois films presque coup sur coup. Ce n’était pas des films trop nuls.

Ci-dessous, mes avis plus détaillés sur La vie des Autres, La Cité Interdite et 300.

Attention, il y a quelques ridicules spoilers, mais pas des masses non plus.

Le premier est plutôt intimiste, tandis que les deux autres sont des films à grand spectacle. Voici en quelques mots mon sentiment à propos de ces œuvres.

La vie des autres

Il parait qu’en Allemagne, la production cinématographique connait une sorte de Nouvelle Vague. En tout cas, quelques films ont récemment une reconnaissance internationale, ce qui n’était pas le cas par le passé depuis Cours Lola, cours.

Ce qui marche actuellement chez eux, c’est revenir sur le passé du pays et notamment sur la séparation de l’Allemagne en deux États par le Rideau de Fer.
Je pense au très correct Good bye Lenin qui fît parler de lui il y a deux ans. Maintenant il y a La vie des autres.

La vie des autres
L’affiche

La vie des autres est un très bon film. Le cynisme des premières scènes tendent à faire croire que le film va ressembler à 1984. Mais il n’en n’est rien. Ces scènes ne servent qu’à démontrer le dévouement du personnage principal, qui croit profondément en la Révolution Socialiste.

Au delà de la critique du régime de l’époque, il s’agit surtout de l’immersion dans la vie d’un agent de la Stasi [1] chargé par un Ministre d’“écouter” un auteur de pièce de théâtre. Ce dernier n’a pas grand chose à se reprocher si ce n’est que ça femme est très belle, c’est une actrice très en vue et le Ministre a des vues sur elle. Cette intrusion dans la vie des autres va changer l’attitude de l’agent de la Stasi.

Ulrich Mühe
L’agent de la Stasi

En bref, une intense émotion se dégage de la plus part des scènes de ce film et le suspense tient bien en haleine. A voir !

La Cité Interdite

Ça y est, Zhang Yimou, le grand habitué du cinéma d’auteur chinois ne peut plus s’empêcher de filmer des Wu Xia Pian [2]. C’est son troisième avec Hero et Le secret des poignards volants. Avant, il avait commis les excellentissimes Sorgho Rouge et Épouses et Concubines. Depuis, j’ai l’impression qu’il essai de renouer avec le drame ou la tragédie mais il a trop pris goût aux ballets aériens aidés de câbles et de poulies Tigre et Dragon’s like.

Gong Li et Chow Yun Fat
En tenue d’apparat

Au passage, je signale que le titre français du film est complètement débile [3]. D’abord, parce que même si le palais dans lequel le film est filmé est magnifique, il n’est pas censé être celui de la Cité Interdite de Pékin. Ensuite, parce que l’action du film se déroule 200 ans au moins avant la construction de la vraie Cité Interdite. Préférons lui le titre anglais : The Curse of the Golden Flower.

Revenons au film. La Cité Interdite raconte l’histoire d’une reine en Chine (Gong Li) au Xeme siècle amoureuse de son beau-fil et qui combat pour sa survie au sein d’un opulent palais. Dans ce palais, on y croise
des princes qui briguent la succession au trône et un Roi (Chow Yun Fat) implacable que seul l’image de feu sa précédente femme réussi à émouvoir. Complots et intrigues se succèdent jusqu’à l’éblouissant final. C’est du Dallas.

Curse of the Golden Flower
L’affiche anglaise

Ce film m’a fait penser à ces comédies musicales indiennes. Les films de Bollywood sont pleins d’intrigues dans les hautes castes indiennes, pleins de complots, de malédictions sur plusieurs générations et de secrets inavoués... Le tout dans un décor kitchissime à souhait. Ensuite, l’intrigue est entrecoupée par des scènes de danse et de chant de temps en temps pour empêcher le spectateur de s’endormir. C’est un peu comme La Cité Interdite. Ici, on a troqué les chorégraphies de ballet indiens et la musique par des mawashigéridantaface et des batailles rangées. [4]

Non, quand je raconte ça, ce n’est pas pour dénigrer le film. Au contraire. Même si ce n’est pas du Shakespeare et même si dans un genre proche on lui préfèrera Hero, La Cité Interdite est un excellent divertissement. Un film de toute beauté. On tremble pour les protagonistes et on passe un moment de merveille. Ne serais-ce que pour la beauté de Gong Li.

Note : Le prochain film de Zhang Yimou sera aussi un wu xia pian et s’appellera : The Qin Assassination. Le thème reste le même que celui de Hero ou de L’Empereur et l’assassin. Un thème cher aux chinois.

300

Les 300 est un film tiré d’une bande-dessinée de Franck Miller. Le même qui a dessiné Sin City dont l’adaptation ciné était plutôt réussie. C’est une des raisons qui m’a poussé à voir Les 300. [5]

Les 300 est un film épique. Il raconte de manière romancée et très graphique la bataille des Thermopyles opposant des Grecs Spartiates, Thébains et Thespiens contre des Perses de l’empire achéménides en -480, pendant les guerres médiques [6]. Une sorte de Fort Alamo antique. Voyant la bataille perdue, le roi Léonidas de Sparte et 1000 soldats grecs [7] tiennent tête à l’ennemi, malgré une infériorité numérique de près de 300 pour 1.

Dans le film, ils ne sont que 300 Spartes et quelques Arcadiens. Et, comble du ridicule (!), Le Léonidas du film, sait à l’avance qu’ils vont tous se faire maraver. Mais heureusement, il a amené Faramir avec lui. Ce dernier s’y connait super bien en orque et ça tombe bien dans l’armée Perse, y en a ! Des espèces de orques déguisés en Ninja et aussi des oliphants. Par contre, il a pris un sacré coup de vieux Golem.

En plus Faramir, il sait trop bien raconter les histoires. Il pourra raconter à tout le monde ô combien Léonidas a été ridicule. Toute cette histoire de sacrifice uniquement parce qu’il ne fallait pas perdre la face devant ses tapettes d’Athéniens.

300
L’affiche

Sur les forums de cinéma, on peut lire que ce film serait une forme de propagande pour Georges Bush et pour sa guerre en Irak. Les hommes qui vont se battre seuls contre l’ennemi et oubliés par les politiciens de gauche verreux, planqués à l’arrière et qui complotent contre eux.

C’est vrai que pendant la séance, au début du film, je me suis réellement posé la question. J’hésitais de savoir si ce film n’était pas un film crypto-fasciste ou crypto-gay [8]. En fait, je n’ai pas réellement trouvé d’allégorie politiques ou sexuelles plus poussée que dans un calendrier du XV de France ou dans cette bande dessinée mettant en scène ce petit village du nord de la Gaulle qui résiste encore et toujours à l’envahisseur. Il serait d’ailleurs plutôt conseillé de laisser ses neurones à l’entrée de la salle de projection et de ne pas oublier de les récupérer en sortant. Il aurait pu être écrit : « Déposez vos neurones dans le bac prévu à cet effet, mais gardez votre testostérone sur vous ! »

De toute façon, s’il s’agit vraiment d’un film de propagande, ce serait plutôt un film qui légitimise les attentats suicides contre une force occupante.

Bon, je cesse les plaisanteries et je vous livre mon sentiment. Ce film n’est pas si mal. Même si l’histoire n’est pas très poussée ; le rythme, l’action, la musique, l’esthétique, tout est là pour passer un bon moment avec votre installation home cinéma dernier cri qu’il faudra bien rentabiliser un jour. C’est d’ailleurs le gros point fort du film. Cette ambiance et cette photo qui donne la vie aux images de la bande dessinée originale. C’est magistrale. On s’en prend à rêver à une adaptation de la BD Salammbô de Druillet par un réalisateur de génie qui conserverait la personnalité de celle-ci. Si dans le futur tous les péplums ont cette classe (et plus de fond), je prédis une longue vie au genre.


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